septembre 13, 2022

Plus vite, plus haut, plus fort – Macroscope

Plus vite, plus haut, plus fort

La devise olympique caractérise à merveille le défi auquel la Banque Centrale Européenne (BCE) est actuellement confrontée.

Plus vite, car il y a urgence à freiner l’activité économique afin d’éviter qu’une surchauffe pérenne des prix finisse par s’auto-alimenter. Plus haut, parce que, après 10 années de taux faibles, voire négatifs, les taux directeurs atteignent des niveaux inexpérimentés depuis plus d’une décennie. Plus fort, enfin, comme l’amplitude des hausses annoncées ces derniers mois est inédite en si peu de temps : 50 points de base en juillet, puis 75 lors de la réunion du 8 septembre, soit +1,25% en à peine deux mois, bien au-delà des directives annoncées en juin dernier.

Il faut dire que l’urgence est bien réelle. En août, l’inflation de l’ensemble de la zone euro atteignait 9,1% sur un an. Si certains pays parviennent à limiter la casse en amortissant une partie de la hausse des prix de l’énergie au moyen de mesures budgétaires – c’est notamment le cas de la France (6,5%) ou de l’Allemagne (8,8%) – une majorité de pays affronte une inflation galopante supérieure à 10%, voire au-delà de 20% pour les trois pays Baltes !

Ce choc sur les prix d’une ampleur si significative nécessite donc un remède à sa mesure, quitte à faire plonger l’activité économique en connaissance de cause, puisqu’elle constitue l’une des sources de la fièvre inflationniste. La mise à jour des anticipations de croissance et d’inflation par la BCE sont éloquentes de ce point de vue : elle anticipe à nouveau une inflation de 5,5% en 2023, bien au-delà de son objectif de moyen terme de 2%. La croissance 2023 n’est attendue qu’à 0,9%, en baisse notable par rapport aux 2,1% anticipés au début de l’été.

Si la banque centrale et les gouvernements partagent le même adversaire – l’inflation – ils ne disposent pas des mêmes armes pour le contrer. Si socialement les mesures étatiques destinées à amortir le choc énergétique sont louables, cela est plus discutable d’un point de vue économique. En maintenant des prix de l’énergie artificiellement bas, les États creusent un déficit et une dette déjà profonds. Mais ils annihilent également une partie de l’impact de la politique monétaire en soutenant le pouvoir d’achat des ménages et en baissant les coûts énergétiques des entreprises, donc la demande. Les États font sans doute le pari implicite que le choc sur l’énergie est temporaire, erreur dans laquelle les banquiers centraux s’étaient empêtrés en considérant la poussée inflationniste héritée du choc de la crise sanitaire comme passagère. Pour combien de temps encore ?

La réponse pourrait venir de la BCE, car si elle venait à marcher sur les pas de Réserve Fédérale américaine (Fed) en réduisant son bilan dans les mois à venir, l’impact haussier sur les taux d’emprunt gouvernementaux mettrait en difficulté la logique du « quoiqu'il en coûte » toujours à l’œuvre dans bon nombre de pays.

Rédaction achevée le 09/09/2022
Clément Inbona, Fund Manager


Telex

États-Unis, l’activité des services dans le brouillard : La publication de l’indicateur ISM Services est ressorti à 56,9 pour le mois d’août : le niveau d’expansion est fort, en hausse et au-delà des attentes du consensus sondés par Bloomberg, mais en parfaite contradiction avec l’autre enquête sur les services scrutés par les investisseurs : le PMI Services. En effet, celui-ci est ressorti à 43,7, soit un niveau de contraction notable, revu à la baisse et inférieur aux attentes du consensus. Difficile d’y voir clair donc dans ce secteur dont le poids dans le PIB américain est le plus important. Pour retrouver un écart si fort, il faut remonter au cœur de la crise Covid en avril 2020, et encore, les deux enquêtes pointaient dans le sens d’un ralentissement fort.

Le chiffre de toutes les attentes. Le 13 septembre 2022, la publication de l’inflation américaine CPI focalisera toute l’attention des investisseurs. Cette boussole des marchés, en particulier sa version « cœur » qui exclut les composants les plus volatils, est attendue à 6,1% par le consensus (au 09/09/22), soit une hausse de +0,2% par rapport au niveau de juillet. Pour le moment, aucun analyste n’envisage de baisse. Si l’inflation cœur venait à remonter, cela viendrait infléchir une série de trois mois de décrue et mettrait un peu plus de pression sur la Fed pour durcir le ton lors de sa réunion du 19 septembre.

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