mai 23, 2022

A la recherche de la croissance perdue – Macroscope

A la recherche de la croissance perdue

Attendue en début d’année à 4,4%, la croissance mondiale pour 2022 est désormais anticipée à hauteur de 3,3% par le consensus Bloomberg. Pourtant, tout avait bien commencé. En décembre dernier, l’économie mondiale clôturait un exercice 2021 historique avec une croissance de 6,1%, dopée par la reprise post-Covid ; des vents favorables s’annonçaient aussi pour l’année suivante.

 

Mais depuis quelques mois, la machine s’est grippée. L’invasion russe en Ukraine a d’abord entamé la confiance des ménages et des entreprises, tout en rajoutant du carburant à la poussée inflationniste déjà bien installée. Ensuite, le risque sanitaire est venu renaître de ses cendres en brisant les remparts érigés par Pékin et sa politique zéro-Covid. Son impact est également inflationniste par le canal de l’offre, l’usine du monde tourne au ralenti et ajoute du sable dans l’engrenage des chaînes de production déjà grippées par deux ans de perturbations. Ses conséquences sont aussi négatives pour la croissance chinoise, donc mondiale, bridant la consommation intérieure de la seconde puissance économique internationale. Enfin, en dehors de ces facteurs exogènes, l’inflation continue de se diffuser chaque mois un peu plus amplement, faisant émerger le risque d’une spirale "prix-salaires auto-entretenue". Ce risque n’a pas manqué de susciter les réactions des grandes banques centrales dont la maîtrise de l’inflation est un objectif prioritaire. Répercussion directe de cette posture, les conditions financières se sont nettement tendues ces derniers mois. Il devient désormais plus coûteux pour les ménages de financer leurs achats immobiliers, pour les entreprises de financer leurs plans d’investissement, et la charge de la dette des États risque de s’alourdir progressivement après des années de baisse.

 

La situation économique et monétaire ainsi que ses perspectives n’ont ainsi cessé de se dégrader depuis le début de l’année, entraînant des baisses significatives sur les grandes classes d’actifs, y compris les obligations d’État réputées sans risque de défaut. Bien que les perspectives restent encore sombres pour les mois à venir, la croissance mondiale anticipée pour 2022 est proche de son potentiel de long terme. La croissance plie, mais ne rompt pas.

Si le pire n’est jamais certain, quels pourraient être les catalyseurs d’un rebond économique et boursier ?

La politique monétaire demeure un facteur déterminant pour la valorisation des actifs financiers. Aujourd'hui, elle est vue comme fermement restrictive. Les marchés anticipent 11 hausses de taux de 0,25% cette année pour la Fed et 4 hausses de taux pour la BCE. Une inflexion, voire l’espoir d’une inflexion, pourrait s’avérer être un catalyseur de rebond boursier ainsi qu’économique, avec l’assouplissement des conditions financières. Pour cela, il faudrait évidemment que l’inflation se stabilise avant de commencer à refluer. Bien que son niveau soit élevé, l’inflation américaine commence à dessiner cette perspective. Une résolution du conflit russo-ukrainien pourrait être un élément favorable sur l’inflation ainsi que sur la confiance ; cela reste aujourd’hui une hypothèse peu probable, mais à ne pas exclure totalement. Enfin, avec un risque de récession qui augmente, estimé à 30% à un an aux États-Unis contre 15% en début d’année, la pression sur les prix via la demande pourrait refluer et dégager des marges de manœuvre budgétaire pour les puissances publiques. Et ceci sans pour autant risquer d’entretenir une spirale inflationniste.

 

« Après la pluie vient le beau temps », toute la question est aujourd’hui d’essayer de savoir quand. Question, dont la réponse est certes peu évidente, mais qui peut s’avérer fructueuse à moyen terme pour un investisseur avisé. Les meilleures affaires boursières ne se réalisent pas quand l’horizon est dégagé, mais, au contraire, quand il est particulièrement bouché.

 

Rédaction achevée le 20.05.2022
Clément Inbona, Fund Manager


Telex

Coup de froid sur la distribution aux Etats-Unis :  La publication la semaine dernière des résultats de quatre grands distributeurs américains – Walmart, Target, Home Depot et Lowe’s – a jeté un froid sur la solidité de la consommation américaine. Hausse des coûts de transport, report sur des produits bon marché et vers les services… Ces géants de la distribution font face à des vents contraires et leurs cours de bourse a chuté violemment. Par exemple, Target a connu sa pire séance boursière depuis 1987, chutant de -25%. Quelques semaines plus tôt, la publication des résultats d’Amazon faisait également état des mêmes difficultés. 

La pierre, pas si solide en Chine : Les prix des logements neufs dans les 70 principales villes du pays reculent de -0,3% en avril. C’est le 8e mois consécutif de recul, soit la plus longue série de baisses depuis 2014-2015. Même constat pour les prix des logements anciens, en recul de -0,3% et accusant un 9e mois consécutif de baisse. Rappelons qu’en début de semaine dernière, les autorités chinoises ont annoncé une baisse du taux minimum de crédit hypothécaire, dans le but de relancer la demande immobilière.

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