octobre 18, 2021

Cinquante nuances de prix

Cinquante nuances de prix

Les ennuis provisoires durent souvent plus longtemps que prévu. Ainsi en est-il de l’inflation. Même si la Fed et la BCE continuent de la qualifier de « transitoire », elle préoccupe de plus en plus investisseurs, producteurs et consommateurs. Certains membres de la Fed eux-mêmes commencent à s’en émouvoir. Les minutes transcrivant leur dernière réunion en attestent, un nombre croissant d’entre eux estiment que les bénéfices des injections actuelles de liquidités dans le système commencent à être contrebalancés par les effets négatifs, à savoir l’inflation.

Mais toute inflation n’est pas du ressort des banques centrales, même si sa maîtrise constitue pourtant leur mission commune. Il faut nuancer.

Tout d’abord, « reflation » n’est pas « inflation ». La première correspond à une remontée des prix qui succède à un niveau perçu comme excessivement bas. Par exemple, les prix actuels du pétrole. Sur 10 ou même 20 ans, ils sont en moyenne de 70 dollars par baril de Brent – en dollars courants, ce qui signifie que cette moyenne serait plus élevée si l’on tenait compte de l’inflation. Aujourd’hui, le pétrole atteint certes des sommets inédits depuis 2014, dépassant les 80 dollars. Mais en prenant du recul, les prix actuels reflètent plutôt un retour proche de la moyenne, après des prix incroyablement bas en 2020, et globalement un niveau déprimé depuis 5 ans. Cette reflation signe le retour à un certain équilibre. Une banque centrale de doit pas à s’en inquiéter. En outre, elle ne peut agir dessus.

La situation sur d’autres marchés de l’énergie, comme le gaz ou le charbon, correspond davantage à de l’inflation véritable. Ils poussent à la hausse les prix du chauffage, de l’électricité, et in fine des biens manufacturés. Mais une banque centrale n’y peut rien. Plus largement, l’inflation de certains biens où la demande excède l’offre pour des raisons temporaires sort également de sa responsabilité. C’est le cas en ce moment du prix des puces électroniques, et par ricochet de certains biens durables. L’offre finit généralement par rejoindre la demande, voire à l’excéder – occasionnant à terme un contre-choc déflationniste, temporaire lui aussi. Les banques centrales n’en ont cure.

Là où les banques centrales ont une responsabilité, en revanche, c’est sur l’inflation de long terme dans le système économique. En particulier celle des actifs financiers ou immobiliers, ainsi que des salaires. Les premiers créent un effet richesse transitoire, pouvant conduire à des prises de risque excessives, occasionnant bulles et crises. Les seconds sont certes favorables aux ménages dans un premier temps, mais défavorables ensuite lorsque les salaires dépensés – non épargnés – entraînent un gonflement généralisé des prix. Le gain réel de pouvoir d’achat peut s’avérer nul. Et la monnaie tend à se dévaluer, renchérissant d’autant le coût des importations.

Or c’est ce phénomène que l’on commence à percevoir, notamment aux Etats-Unis. Les dernières données sur l’emploi le montrent : la progression des coûts salariaux est notable (+4,5% sur un an), notamment pour les plus bas salaires (+7%). Ce serait positif, si les prix n’augmentaient pas dans le même temps. Or ils augmentent, non seulement pour certains biens soumis aux difficultés d’approvisionnement, ce qui n’est guère problématique comme on l’a vu, mais surtout sur l’immobilier. En effet, à +0,5% en août, la composante « loyer » de l’inflation américaine connaît sa plus forte progression mensuelle depuis 2001. La composante relative aux propriétaires (Owner's equivalent rent of residence) se monte à +0,4%, sa plus forte variation sur un mois depuis l’été 2006 ! Ce qui est gagné d’un côté est en partie dépensé de l’autre.

C’est là qu’une banque centrale peut jouer un rôle, en durcissant les conditions financières afin de refroidir le système tout évitant de le geler. Et le plus tôt est le mieux, car attendre ne fait qu’amplifier la réaction nécessaire.

Il fait donc peu de doute que les prochaines communications des banques centrales, en particulier de la Fed, changeront de ton. Plusieurs pays émergents, hormis la Chine, l’ont déjà fait. Les marchés le refléteront. La courbe de taux américaine pourrait continuer à se tendre. Soit globalement, soit surtout sur sa partie courte, qui reflète davantage les anticipations de politique monétaire. L’avantage aujourd’hui est qu’avec l’expérience des cycles récents de resserrement, et au vu de l’ampleur de la dette, ce pilotage se fera avec la plus extrême prudence, qui n’exclut pas la détermination. Le marché est donc livré aux mains expertes de du Président de la Fed Jerome Powell, qui devra jouer sur les différences nuances de prix pour sortir l’économie du cycle inflationniste où elle semble s’engager.


Rédaction achevée le 15.10.2021

Auteur : Alexis Bienvenu, Gérant


Telex

Retour à la normale. Les demandes hebdomadaires d’allocation chômage aux Etats-Unis sont ressorties à 293 000 la semaine dernière, passant sous le seuil de 300 000 pour la première fois depuis le début de la crise du Covid. Le rythme n’est guère éloigné de la période pré-pandémie, où cette donnée se situait autour de 220 000 en moyenne.

Baisse de moral. L’enquête sur le sentiment des ménages américains publiée par l’Université du Michigan pour le mois d’octobre ressort en baisse, à 71,4 contre 73,1 attendu. Depuis 2011, ce niveau n’a été plus faible qu’une seule fois. Les conditions économiques actuelles sont perçues moins favorablement, et surtout, les anticipations d’inflation pour l’année à venir ont de nouveau augmenté, à 4,8% contre 4,6% dans la dernière enquête. Le coût de l’énergie et des véhicules est une des préoccupations expliquant cette situation. De fait, l’inflation globale des prix à la consommation en septembre (énergie et alimentation comprises) est ressortie à 5,4%, au plus haut depuis 1990 !


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MYNARIC, ou la croissance fulgurante de la communication laser entre satellites.

L’actu. 

Le spécialiste allemand des communications laser entre satellites connaît une croissance fulgurante tirée par la demande de ces communications de longue distance sécurisées.

Notre analyse. 

Fondée en 2009, l’entreprise basée à Munich et aux Etats-Unis n’en est qu’à ses débuts et nous sommes déjà convaincus de son très fort potentiel de croissance.

Alors que la fréquence radio atteint aujourd’hui ses limites techniques, la communication laser est en plein essor. Si les systèmes actuels de MYNARIC offrent un débit de 10 gigabits par seconde, la société cherche à atteindre 100 gigabits par seconde, soit une latence encore plus faible et une meilleure couverture. La communication laser utilise une fréquence électromagnétique bien supérieure à celle des technologies de fréquence radio habituelles. Pouvant être interceptées et requérant une licence d’utilisation onéreuse, ces dernières tendent à être remplacées par les communications laser, devenues l’équipement préférentiel des satellites.

MYNARIC pourrait selon nous remporter de substantiels contrats et gagner en visibilité. La société a participé à la fin de l’été à l’appel d’offres de l’Agence de Développement Spatial américaine (SDA), en quête de constructeurs de satellites, afin de créer dès 2024 une constellation d’au moins 126 satellites de communication en orbite basse. Tous les satellites doivent être interopérables et capables de partager des données via des liaisons inter-satellitaires, ce que MYNARIC peut offrir. La SDA annoncera les acteurs retenus au plus tard en janvier 2022. MYNARIC devrait selon nous être l’un deux, compte tenu de son avance technologique.

Par ailleurs, le géant SpaceX, qui a annoncé son intention d’équiper tous les satellites Starlink de terminaux lasers, devrait développer cette nouvelle compétence en interne. Cependant, cette annonce ouvre la voie aux autres opérateurs satellites, propulsant MYNARIC en bonne position pour capter une grande partie de cette demande. De plus, les bateaux, avions, drones ou éoliennes pourraient bientôt disposer de ces terminaux laser de communication satellites de manière croissante. Ce type d’équipement aurait par exemple pu éviter de perdre la trace du vol 370 de la Malaysia Airlines en 2014.

En conclusion. 

Le management de MYNARIC prévoit de fabriquer 2 000 unités laser par an au sein de son usine historique, avant d’investir dans d’autres usines en fonction des contrats obtenus. Nous suivons avec intérêt l’évolution de ce que nous considérons comme une pépite européenne, qui a déjà fortement gagné en maturité depuis son entrée en Bourse en octobre 2017.

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Philippe Agnelli


Philippe Agnelli est titulaire d'un master II en gestion internationale de fortune. Passionné d'immobilier et de solutions financières il à fondé le cabinet de gestion de patrimoine Signatures Patrimoine. N'hésitez pas à le contacter.

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